THEO Posté(e) le 18 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 18 octobre 2015 Je sais que les vélivoles ne sont pas seulement cartésiens, méthodiques, rationnels. Ce sont aussi d'incorrigibles rêveurs, les yeux tellement souvent tournés vers les beautés et les mystères du ciel.De là à apprécier la poésie ayant trait à leur passion, il n'y a qu'un petit pas ... Que diriez-vous de mettre en ligne ici des poèmes aéronautiques et de préférence ayant un rapport avec le vol à voile? Je vous propose pour commencer celui-ci: High Flight Je me suis libéré des emprises de la terre, pour danser dans le ciel,sur des ailes argentées d'un grand ris. Je suis allé vers le soleil,j'ai rejoint les cascades chaotiques de nuages tranchés de lumière. Et là,j'ai vécu des moments dont vous n'avez jamais rêvé ! Voler, Planer, Balancer si haut dans le Silence solaire Suspendu, j'ai pourchassé le vent hurlant,et lancé mon vaisseau au travers de fabuleuses cavernes,pleines d'un air raffiné. Haut, plus haut, au long dun délire de Bleu brûlant, j'ai survolé les sommets balayés de vent,dans une sérénité que nul aigle, nulle alouette, n'ont jamais vécu. Puis,alors que mon esprit silencieux s'élevait,au travers du sanctuaire inviolé de lEspace j'ai sorti une main et caressé le visage de Dieu . John Gillespie Magee, Jr. 3 septembre 1941 ____________________________________________________________________________________ John Gillespie Magee, Jr. (1922 - 1941) L'auteur de ce sonnet intitulé « HIGH FLIGHT » est l'officier pilote John Gillespie Magee Jr. qui est mort à l'age de 19 ans en service commandé durant la seconde guerre mondiale. Il fait parti des 17 000 hommes perdus par la Royal Canadian Air Force (R.C.A.F.) durant cette période. Pour mémoire, 104 000 soldats Canadiens sont tombés durant toutes les guerres... Né à Shanghai, Chine, en 1922 de parents missionnaires, John MaGee Jr. rentre aux U.S.A. en 1939 afin de poursuivre des études supérieures dans la prestigieuse université de Yale. Cependant en 1940, à tout juste 18 ans, il s'engage dans les Forces Aériennes Canadienne (R.C.A.F.) et décroche son brevet de pilote. Il se qualifie sur le célèbre Supermarine Spitfire et en juillet 1941, est envoyé au sein du récent escadron de chasse N° 412 (N° 412 Fighter Squadron, RCAF) basé à Digby en Angleterre. Il participa à de nombreuses missions aériennes au dessus de la France ainsi qu'à la défense aérienne de l'Angleterre contre les attaques régulières des bombardiers de la Luftwaffe (Battle of Britain). Il gagna le rang de Pilote Officier. Le 3 septembre 1941, lors d'un essai en vol, John Magee poussa à haute altitude (30 000 ft) un nouveau modèle de Spitfire V. Tandis qu'il montait et tournoyait encore plus haut il fut saisie d'inspiration pour le poème - "To touch the face of God". Revenu au sol, John écrivit une lettre à ses parents avec ce commentaire : « Voici un poème que j'ai écris l'autre jour. Je l'ai commencé à 30 000 pieds et l'ai terminé peu après avoir atterri. » Au dos de la lettre il nota son poème, « High Flight ». Trois mois plus tard, le 11 décembre 1941 (seulement 3 jours après l'entrée en guerre des États Unis d'Amérique) , l'officier pilote John Gillespie Magee Jr. trouve la mort à bord du Spitfire V Victor Zoulou Hotel lors d'une collision avec un bombardier anglais au dessus de Tangmere en Angleterre. John Gillespie Magee Jr. est enterré au cimetière de l'église de Scopwick, dans le comté du Lincolnshire (England) Citer
Thom Posté(e) le 19 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 19 octobre 2015 Merci pour ce poème, je le connaissais d'un Pégase spécial Spitfire de B.Chabbert Citer
Stéphane Posté(e) le 19 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 19 octobre 2015 (modifié) N'en déplaise à certains, je le préfère en version originale: Oh! I have slipped the surly bonds of EarthAnd danced the skies on laughter-silvered wings;Sunward I’ve climbed, and joined the tumbling mirthof sun-split clouds, — and done a hundred thingsYou have not dreamed of — wheeled and soared and swungHigh in the sunlit silence. Hov’ring there,I’ve chased the shouting wind along, and flungMy eager craft through footless halls of air.... Up, up the long, delirious, burning blueI’ve topped the wind-swept heights with easy grace.Where never lark, or even eagle flew —And, while with silent, lifting mind I've trodThe high untrespassed sanctity of space,- Put out my hand, and touched the face of God." Il y a aussi quelques vers de Baudelaire qui s'appliquent bien au vol à voile, par exemple: L'albatros Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipagePrennent des albatros, vastes oiseaux des mers,Qui suivent, indolents compagnons de voyage,Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches,Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,Laissent piteusement leurs grandes ailes blanchesComme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !L'un agace son bec avec un brûle-gueule,L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuéesQui hante la tempête et se rit de l'archer ;Exilé sur le sol au milieu des huées,Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. Les fleurs du mal – Spleen et idéal (1859) ou encore: L'étranger - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère?- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.- Tes amis?- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.- Ta patrie?- J'ignore sous quelle latitude elle est située.- La beauté?- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.- L'or?- Je le hais comme vous haïssez Dieu.- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages! Petits poèmes en prose, I (1869) Modifié le 19 octobre 2015 par Stéphane Citer Stéphane Vander Veken
La Globule Posté(e) le 19 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 19 octobre 2015 - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages! Petits poèmes en prose, I (1869) Dans les années 70 (septante pour Stephane ) ,ces vers , ont servi de légende à une affiche 100x50 de la FFVV où l'on voyait un Squale (Wa 26) en vol d'onde au dessus d'une mer de nuages.J'ai gardé cette affiche longtemps dans mon bureau , c'est une des meilleures pub que j'ai vu pour le planeur ,idéale pour rêver au boulot.JNV , t'as peut etre une vue ? Citer Challes c'est de la balle !!!
THEO Posté(e) le 19 octobre 2015 Auteur Signaler Posté(e) le 19 octobre 2015 (modifié) "Souvenez-vous: Au-dessous des mers de nuages... C'est l'éternité" "Je vole car cela libère mon esprit de la tyrannie des choses insignifiantes" "On fait un travail d'homme et l'on connaît des soucis d'homme. On est en contact avec le vent, avec les étoiles, avec la nuit, avec le sable, avec la mer. On ruse avec les forces naturelles. On attend l'aube comme le jardinier attend le printemps. On attend l'escale comme une terre promise, et l'on cherche sa vérité dans les étoiles"Antoine de Saint-Exupéry "Une fois que vous aurez goûté au vol, vous marcherez à jamais les yeux tournés vers le ciel, car c'est là que vous êtes allés, et c'est là que toujours vous désirerez ardemment retourner."Léonard De Vinci Merci, Stéphane, effectivement, le poème de John Gillespie Magee Jr. est mieux en VO. Et celui-ci, que je n'avais pas repéré:http://www.planeur.net/index.php?option=com_content&task=view&id=185&Itemid=2 Modifié le 19 octobre 2015 par THEO Citer
jeando Posté(e) le 21 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 21 octobre 2015 (modifié) En onde Après le tumulte des rotors endiablés,j'atteins enfin le laminaire tant espéré.Je calme ma monture; enfin apaisée,elle se fait douce et câline.Face au vent et au soleil couchantimmobiles dans cet azur époustouflant,nous sommes comme suspendusdans l'espace et le temps.Quelques minutes d'éternité. Modifié le 21 octobre 2015 par jeando Citer
Monsieur bobote Posté(e) le 22 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 22 octobre 2015 http://www.reinhard-mey.de/start/texte/alben/icarev IcareDes abîmes, des torrents,Des créneaux, des châteaux blancs,Des chimères passent devant le hublot.Des voiles de cheveux d‘angeCaressent l‘aile et s‘effrangent,Et dans un tourbillon renaissent à nouveau.Je ne saurais décrire Ce désir de m‘enfuir, Qui me fait quitter la terre Et sillonner les airs. Est-ce pour chercher d‘autres dimensions? Pour voir ce qu‘il y a là derrière l‘horizon? Ou peut-être, comme Icare, pour m‘évader d‘une prison.Sous les grêlons crépitants, Les orages étourdissants,Entrainé, ballotté dans la ronde effrénée. Des aiguilles, des cadransEt des voix en nasillantMe guident sûrement dans le ciel déchaîne.Je ne saurais décrire...Des lacs, des ruisseaux d‘argent,Des bois au soleil couchant,Les silhouettes des villes dans le soir d‘été. Planer dans l‘air cajoleur,En attérrissant l‘odeur De foin coupé, le long de la piste éclairée.Je ne saurais décrire... Citer Horizon pas net reste à la buvette (marin Breton)
Stéphane Posté(e) le 23 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 23 octobre 2015 Comme d'habitude, je préfère l'original: IkarusReinhard MeyExtrait de l’album : Ikarus (Odeon) Weiße Schluchten, Berg und Tal,Federwolken ohne Zahl,Fabelwesen zieh‘n vor den Fenstern vorbei.Schleier wie aus EngelshaarSchmiegen sich beinah greifbarUm die Flügelenden und reißen entzwei.Manchmal frag‘ ich mich,Was ist es eigentlich,Das mich drängt aufzusteigen und dort oben meine Kreise zu zieh‘n,Vielleicht, um über alle Grenzen zu geh‘n,Vielleicht, um über den Horizont hinaus zu seh‘nUnd vielleicht, um wie Ikarus aus Gefangenschaft zu flieh‘n.Hagelschauer prasseln grellUnd ein BöenkarusselPackt das Leitwerk hart mit unsichtbarer Hand.Wolkenspiel erstarrt zu Eis,Ziffern leuchten grünlich weiß,Weisen mir den Weg durchs Dunkel über Land.Städte in diesiger Sicht,Felder im Nachmittagslicht,Flüsse zieh‘n silberne Adern durch den Plan,Schweben in seidener Luft,Im Landeanflug der DuftVon frischgemähtem Heu um die Asphaltbahn. Chanson à écouter sur Spotify : https://open.spotify.com/album/4J1BvVVMuRAsk8vro0ntd2 Citer Stéphane Vander Veken
Stéphane Posté(e) le 30 octobre 2015 Signaler Posté(e) le 30 octobre 2015 Chanson pêchée dans le livre de Wally Kahn "A Glider Pilot Bold" (qui en contient bien d'autres): The BalladWords by Pat WoodTune: The Airman's lamentA glider pilot bold was heA maiden unsuspecting sheHe landed one day near her homeDemanding tea and telephone Her dainty heart had missed a beatSteep turns at five and twenty feetThe field was very very smallThe trees were very very tallBut there he was quite safe and soundHer dainty heart it gave a boundTo see him stand so debonairThe answer to that maidens prayerThey dallied there for many hoursAmong the birds and bees and flowersAnd when at last the trailer cameAlas she'd lost her maiden nameWhat followed it is sad to tellHe drove away as darkness fellAnd tho' devotion he did swearHe soon forgot that maiden fairTill after many moons there cameA letter headed with the nameOf Swindle, Swindle, Son and SinnSolicitors of Lincoln's Inn. Dear Sir, our client wishes usTo say that tho' she wants no fuss500 smackers more or lessWill keep this matter from the PressThe moral you may clearly seeThe ordinary flying feeIs less expensive than you thoughtCompared with other forms of sport Citer Stéphane Vander Veken
THEO Posté(e) le 26 février 2016 Auteur Signaler Posté(e) le 26 février 2016 http://planeur.over-blog.org/article-24310422.html http://librosophia.com/poesie/turbulence.htm http://poemes-provence.fr/le-planeur/ Citer
Stéphane Posté(e) le 9 mars 2016 Signaler Posté(e) le 9 mars 2016 Ce n'est pas vraiment un poème, mais c'est tout de même un texte poétique: HOMMAGE AU ZÉRO J'ai eu pas mal d'occasions dans la vie de me trouver devant un zéro. Ecolier-pouvant-mieux-faire, j'en ai présenté quelques-uns, en reniflant, à la signature d'un père courroucé ou d'une mère gémissante. Plus tard, passé de l'autre côté de la barricade, il m'a fallu savoir le pourquoi de certains zéros et les apostiller, mon cœur paternel rempli de colère et d'inquiétude. Vous aussi, sans doute, vous avez le souvenir de quelques zéros dont la joue vous a cuit, et qui vous ont gâché des jeudis et des dimanches, voire des vacances entières ! Zéros de travail, qui marquaient du rond rouge de la honte la lividité des copies blanches. Zéros de conduite que nos maîtres avaient, une fois pour toutes, pris l'habitude de nous asséner quand ils avaient cru découvrir en nous la brebis galeuse, le cancre indécrottable ou le plaisantin sournois, et qui nous rejetaient sans cesse dans les ténèbres extérieures de l'indiscipline. Zéros provocateurs, à la gauche desquels, faussaires sans vergogne, nous ajoutions un chiffre 1, pour éviter des sanctions familiales qui, au contraire, s'en trouvaient multipliées. Zéros pointés, superlatifs du néant ! Zéros dont le cercle, avec son petit nœud coulant, nous serrait la gorge d'angoisse ! Zéros, qui ont fermé tant de portes d'entrée !... Zéros, qui ont ouvert tant de portes de sortie !... Zéro maudit, rond infernal, cercle vicieux, combien de larmes avez-vous fait couler, combien d'échines avez-vous fait suer ?... Zéro que nous avons haï, vous êtes maintenant notre espérance. Zéro qui compromettez le présent et l'avenir des écoliers, votre cercle représente, pour les vélivoles que nous sommes, une corbeille remplie de promesses ! Quand ça va de mal en pis, quand, dans une a atmosphère atone, tout semble vous abandonner, quand ça chute bêtement, irrésistiblement, quand le pilotage le plus soigné, l'invocation la plus fervente, le gros mot le plus gros restent sans effet... et que tout d'un coup, l'aiguille du vario se met à remonter vers le zéro, l’atteint et s'y maintient, tout cesse d'être perdu. L'espoir renaît. Un tour... deux tours… un tour encore... zéro toujours, zéro, zéro... Zéro ! ça n'est pas rien ! Zéro ! c'est quelque chose ! C’est magnifique, zéro ! Et je te fignole la spirale, et je te tiens la bille au milieu comme s'il y avait quelqu'un pour la voir... Zéro ! Ça va ! Le temps passe, on reste en l'air, la vie est belle ! Patience ! Courage ! Appliquons-nous ! Zéro toujours ! Le nuage là-bas, qui semblait inaccessible, approche tout doucement... Zéro de mon cœur, ne me lâche pas, tiens-moi jusqu'à ce qu'il arrive ! Le voilà, ça y est ! L'aiguille est remontée d'un poil... Zéro positif... mieux que positif... Plus cinquante !... un mètre !... Sauvé! Petite vie qui dure, salle d'attente des belles envolées, sursis précaire qui se transforme parfois en acquittement définitif, zéro sauveur, merci ! In Invitation au vol à voile de Janine et Georges BEUVILLEFlammarion, Paris 1960 Citer Stéphane Vander Veken
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