Invité Guest Posté(e) le 2 août 2004 Signaler Posté(e) le 2 août 2004 ce texte n'est pas écrit pour les vélivoles, mais tout de même ce sujet n'est pas hors sujet....même pour les pilotes du vol à voile.......: Au mois d'avril la lecture d'Aviasport m'a laissé dans une profonde perplexité. Pour l'évacuer je me suis mis au clavier. Ma partition s'appelle "De l'humilité" pour que jamais plus "pilote vanite :rolleyes: ux" soit un pléonasme. A vous de juger.Me jetant sur l'éditorial de Bernard Chabbert, j'y trouve rappelé le fantastique exploit d'Adrienne Bolland. Comme toujours je me délecte de la délicatesse et de la justesse des propos de l'écrivain. Sans que j'y ai pris garde, mon esprit s'est envolé et des souvenirs vivaces se disputent la place sur le développé de ce vol irréel. D'abord, bien sûr, les images familières de cette belle Cordillère et puis, suprême contraste, le souvenir vivace de Madame Bolland dans un salon de l'Aéro-Club de France, aussi frêle que la première est impressionnante.La Cordillère des Andes? Oui, elle m'est familière, à moi "armchair pilot" assis dans mon fauteuil électrique de Triple 7 qui prend le temps de jouer le touriste. l'Aconcagua, le Mercedario, le volcan Maïpu... Vous en voulez des photos, en voilà. Tenez le Maïpu devant la Laguna Diamante! Ah! oui, Henri Guillaumet, cette histoire tant ressassée qu'elle en est devenue légende. Le cinéma a même mis en trois D la célèbre phrase "ce que j'ai fait, aucune bête ne l'aurait fait" . Depuis - vous l'avez remarqué - Jean-Jacques Annaud ne met plus en scène que des animaux!Mais voilà, il y a deux mois, la Cordillère a rappelé aux hommes qu'elle savait être impitoyable.Il faisait un temps superbe et, au niveau 370, le vent de face à 120 noeuds n'osaient même pas perturber la tranquillité du vol. L'objet volant électronique se rapprochait de la barrière montagneuse, ses systèmes automatiques de surveillance snobaient carrément cet Aconcagua ne culminant qu'à 6960 mètres. Et le cahier saumon du Figaro venait de me rassurer sur la remontée de l'action Air France. Le bonheur au sens quotidien chez Air France, quoi!Comme d'habitude les PNC avaient envahi le poste et ça parlait de millions de pixels, les petits appareils pointés vers ce pic, le plus haut des Amériques, qui grossissait devant nous à une heure. Avec Frédéric, mon alter ego assis à droite, il avait été décidé de faire l'aller-retour Buenos-Aires - Santiago de ce 28 février, en trafiquant en espagnol, ceci ayant pour effet de créer beaucoup de convivialité avec les contrôleurs et de nous obliger à un effort intellectuel, matière dont nous spolient peu à peu les concepteurs de glass cockpit.C'est à ce moment que le contrôle nous fit une requête surprenante: faire le relais, dans la langue de Cervantes - claro! -, avec des accidentés dans une vallée proche de l'Aconcagua. Frédéric, dont j'enviais alors l'aisance avec les verbes castillans, s'en acquitta avec efficacité. L'échange ne dura que quelques cinq minutes, vu qu'à cette altitude un 77 ne sait voler que sur une plage d'un dixième de Mach, mais l'essentiel fut dit: le rescapé parlant à la radio réclamait un hélicoptère, son compagnon étant très mal, et l'eau faisait défaut en cet été austral. De son côté le contrôle nous demanda de leur signaler qu'une caravane de secours était en route mais qu'à cause du vent et de la turbulence l'hélico ne pouvait approcher... Terrible à relayer à ces êtres que nous croyions alors victimes d'un crash d'avion. C'est le journal qui nous apprendra le lendemain, au moment de notre retour vers la France, qu'ils étaient des aérostiers voulant effectuer la traversée des Andes et que leur sauvetage n'était toujours pas assuré. Ont-ils été sauvés? Impossible de le savoir ici, dans ce pays où nous sommes deux ou trois milliers - ou quelques centaines? - à se souvenir qu'il y a plus de 80 ans une jeune française courageuse avait triomphé de cet effrayant obstacle naturel dans un avion-école de la préhistoire, "un aimable veau doté d'une aérodynamique de grange à foin" comme magnifiquement dépeint par notre pilote-poète-en-chef.Et donc cette femme à qui j'eus l'honneur d'être présenté quelques 50 ans après son exploit d'anthologie, cette héroïne d'un autre temps (déjà, au siècle dernier quelques mois après mai 68!), comment imaginez-vous qu'elle se comportait? Eh bien! elle rigolait de tout, s'amusait de la cour que les vieux piliers de l'Aéro-Club de France lui faisaient encore, .... et s'émerveillait de voir un jeune pilote. Toute de blanc vêtu, je me le rappelle, elle était la fraicheur, l'enthousiasme et la modestie. Pas de place pour la condescendance, l'arrogance ou la vanité malgré le respect et la déférence que tout un chacun affichait. Je me souviens d'avoir eu la conscience d'être devant un monument, et pourtant elle était si petite de taille... Elle était l'infiniment petit qui avait triomphé de l'infiniment grand et ça la faisait se marrer encore!Bon , Bacquié, reviens sur terre, Adrienne est partie là-haut il y a si longtemps qu'elle doit être une étoile... Tiens, d'ailleurs, s'il y a des astronomes qui lisent Aviasport, en voilà une idée de nom de baptême pour la découverte d'une nouvelle étoile: Adrienne, ça serait mieux que X4392, non?Voyons donc quel autre récit contient ce numéro d'avril. Page 22, dans ces colonnes du courrier: "LHO"? Si vous ne l'avez pas lu, je vous fais le résumé: "la pression commence à monter"... "Pas d'affolo"..."Moi, j'ai un peu la pression"..."J'essaie de respirer à fond pour évacuer le stress"..."La pression monte d'un cran"..."Je suis tendu comme un arc"..."Mon pouls doit être aux alentours de 160"..."Ouf. Je respire un très grand coup"...Est-ce un aérostier dans une grosse dégueulante? Un jeune pilote privé confronté à la panne moteur? Non, alors un pilote de Rafale tentant de se poser avec un réacteur en feu sur le Charles-de-Gaulle par une mer démontée? J'ai trouvé: un pilote de ligne avec Ben Laden dans son dos, armé d'un canif?Perdu: il s'agit d'un de mes collègues qui dût faire une approche CAT III à Marseille en A320 avec trois reins dans son dos: les deux siens et un troisième relevant d'un don d'organe à acheminer, une opération courante sur avions de ligne. Bon, ce n'est pas grave pour ceux qui le connaissent; on a l'habitude de lire dans toutes les publications aéronautiques sa prose qui transforme le moindre de ses actes en chanson de geste... du genre à souligner que le premier à se poser à Montaudran fut Pierre-Georges Latécoère (à vérifier, d'ailleurs) et le dernier LUI!Alors, au cas où des passagers-clients d'Air France lisent Aviasport, je tiens à les rassurer. En l'absence de grosses pannes ou avaries, non, le pouls des pilotes restent à des niveaux habituels. Quant à notre stress , ce n'est pas la qualité de notre charge utile qui doit l'affecter.Enfin l'humilité doit toujours rester la première manifestation de notre qualité de pilote. Beaucoup sont morts en se croyant les meilleurs. En aviation la vanité a beaucoup tué.Et sur l'air de Bécaud: oh! toi, Adrienne, où que tu sois, je te le dis, prends ton Caudron des vols du Chili, ....Bernard Bacquié, agitateur de manche depuis 1965 -------------------------------------------------------------------------------- Citer
Invité mickey Posté(e) le 3 août 2004 Signaler Posté(e) le 3 août 2004 je ne connais pas la personne en question et ne lis pas aviasport et pourtant je pense que bcp se reconnaitront dans "l'heroisme" de ce "pilote"bon vols "heroique" à tous :rolleyes: Citer
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