Jean Féret Posté(e) le 26 janvier 2005 Signaler Posté(e) le 26 janvier 2005 Il ne s'agit pas du CNVV, mais de l'usine. Les élus de Haute-Provence se battent pour leur filière chimiqueLE MONDE | 25.01.05 | 14h57 Le risque d'arrêt du site d'Arkema, propriété d'une filiale de Total, menace l'économie locale.Marseille de notre correspondant régional Les menaces pesant sur l'usine chimique d'Arkema, filiale à 100 % de Total, située à Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), inquiètent les 725 salariés et leurs organisations syndicales. Mais elles préoccupent aussi les élus du département, qui, unanimes, participent à un comité de vigilance avec l'intersyndicale du site. L'arrêt possible de la production de chlore toucherait aussi gravement les Salins du Midi, à Salins-de-Giraud (Bouches-du-Rhône), ce qui pourrait bouleverser l'équilibre de la Camargue. Les élus de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) se sont donc mobilisés, en appuyant les manifestations syndicales et en appelant l'Etat à intervenir sur ce dossier. "CATASTROPHE SOCIALE" Le comité d'entreprise extraordinaire qui doit se réunir à Paris, jeudi 27 janvier, devrait éclairer les intentions de Total concernant cette filiale, qu'il a créée en 2004 afin de séparer pétrole et chimie. Guy Magnin, directeur des ressources humaines de Saint-Auban, confirme que "si le projet destiné à redresser l'activité vinylique du groupe est encore en réflexion", l'idée est bien "d'avoir des résultats économiques plus favorables et que les résultats soient positifs même en bas de cycle". Reprenant l'expression prudente du PDG de Total, Thierry Desmaret, qui recevait les élus locaux, UMP et PS, le 17 janvier dernier à Paris, M. Magnin se contente de dire qu'il y aura "une pérennisation de l'activité à Saint-Auban", sans préciser laquelle. C'est bien ce qui inquiète Bernard Carmona, secrétaire CGT du comité d'entreprise. Selon lui, l'exigence de l'introduction en Bourse d'ici à 2006 implique "une restructuration, ce qui fait craindre des licenciements" dès cette année. Et il craint que la société, qui comprend une vingtaine d'établissements, dont quatre en PACA, veuille rapprocher le taux de rentabilité d'Arkema de celui du pétrole, qui oscille autour de 15 %, quand celui de la chimie n'est que de 3 %. Le président du conseil général, Jean-Louis Bianco (PS), suit le dossier avec d'autant plus d'attention qu'il redoute les conséquences en chaîne de l'arrêt du site industriel. Ce dernier est le plus gros contributeur fiscal du département : Arkema-Saint-Auban contribue à hauteur de 9 millions d'euros au budget de 185 millions du conseil général. Ce site représente aussi le quart de l'emploi industriel du département, et les services du conseil général estiment que plus de 2 000 emplois sont menacés, sur les 56 000 actifs du département. Seraient visés 350 emplois dans les 40 entreprises de sous-traitance directe, situées dans les cinq communes du carrefour Durance-Bléone, et autant dans 60 entreprises qui en dépendent indirectement. Le reste concernerait l'immobilier, la restauration et les services, répartis sur toutes les Alpes-de-Haute-Provence, voire alentour. "La fermeture serait une catastrophe humaine, sociale, économique et aussi écologique pour la Camargue", explique M. Bianco. Le député socialiste souligne que c'est "le cœur ouvrier du département qui est menacé, celui qui a vu passer des gens de 120 nationalités différentes" depuis son installation en 1917 pour produire, loin du front, de l'ypérite, un gaz de combat mortel. M. Bianco est aussi en colère parce que "Total a fait 9 milliards d'euros de bénéfice cette année et a distribué 7 milliards à ses actionnaires. Il était donc possible, estime-t-il, de moderniser et de diversifier l'usine." Le cabinet d'expertise mandaté par le CE, qui a déclenché le droit d'alerte, a en effet proposé plusieurs scénarios de sortie de crise, conscient du fait que l'usine aurait été, selon la CGT, longtemps sous-équipée et entretenue a minima. Le fait qu'elle soit une "unité intégrée" la rend aussi vulnérable : toucher à l'une de ses activités, c'est remettre en cause toutes les autres. L'arrêt éventuel de la production de chlore et de son polyvinyle, base du PVC, produit phare du site, aurait des conséquences immédiates sur les Salins-de-Giraud. Ils expédient en effet environ 300 000 tonnes par an à Saint-Auban, pour une production globale de 850 000 tonnes les bonnes années. Les syndicats des Salins du Midi ont manifesté leur inquiétude, lundi 17 janvier, en même temps que les ouvriers de Saint-Auban. Ils ont été rejoints par le maire d'Arles, Hervé Schiavetti (PCF), et le président du conseil régional, Michel Vauzelle (PS), qui avaient en novembre demandé au préfet une table ronde sur le sujet. La direction des Salins reste laconique : "Nous n'avons été informés de rien et n'avons rien à dire sur un marché en cours", lâche Patrick Viverge, chargé de la communication du groupe. Il ajoute : "Les élus manifestent, mais le conseil régional s'était engagé à nous aider pour le franchissement du Rhône : il n'a jamais rien fait." Quoi qu'il en soit, la perte d'un tel marché pourrait peser lourd dans une entreprise qui a connu en 1998 et 2000 de sérieuses difficultés. Or elle occupe le quart du delta du Rhône et gère la digue à la mer qui en protège le sud-est. Son immense réseau d'étangs salés participe de l'équilibre fragile du delta, partagé entre étangs d'eau douce et d'eau salée, production agricole et zones naturelles, et cerné par 190 kilomètres de digues fluviales et marines. DÉFAILLANCES EN SÉRIE Le trait d'union entre les Salins du Midi et Arkema-Saint-Auban est une ligne de voie ferrée de 180 kilomètres, la ligne des Alpes, dont le terminus nord est à Gap (Hautes-Alpes). Quatre fois par semaine, un train de 22 wagons achemine le sel vers l'usine, et y charge de la soude qu'il ramène vers le nœud ferroviaire de Cavaillon, à hauteur de 160 000 tonnes annuelles. Emmanuel Delachambre, du service fret de la SNCF, précise que ce trafic représente "90 % du fret sur la ligne des Alpes", et chiffre à "25 ou 30" les emplois qu'il génère. Sa compagnie tient fortement à son maintien, puisqu'en 1999 et en 2004 elle a "déjà fait des efforts sur ses tarifs", au point, assure-t-il, que si elle ne perd pas d'argent elle en gagne avec peine. L'effondrement de cette chaîne de production pèserait lourd dans une région dont un autre secteur traditionnel, l'alimentaire, connaît aussi des défaillances en série. Michel Samson -------------------------------------------------------------------------------- Polémiques sur le transport du sel La nécessité de franchir le Rhône par le rail augmente le coût du sel produit en Camargue par les Salins du Midi. La compagnie, qui opère cette traversée à ses frais à l'aide d'un bac qui transporte deux wagons à chaque fois, avait demandé à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur une aide financière, qui lui avait été promise en 2000. L'entreprise affirme que ces promesses sont restées vaines. De son côté, la région répond qu'elle a consulté, sans résultat, plusieurs sociétés de transport et qu'elle doit tenir compte de la Commission européenne, qui veille à ce que les entreprises ne soient pas aidées directement. La collectivité ajoute que les Salins ne l'ont pas relancée récemment. Elle propose l'organisation d'une nouvelle table ronde afin d'examiner d'autres solutions de transport fleuve-rail, qui utiliseraient les installations portuaires d'Arles (Bouches-du-Rhône). Citer Jean Féret
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